~~~~~~ Souvenirs de Jeunesse ~~~~~~

1919-1923

 

Temps heureux de notre jeunesse

 

Peut-être ceux qui pourront me lire diront peut-être en parlant de moi ou des lignes : « il redevient enfant !». Non pas !

J'exprime des souvenirs de jeunesse et je voudrais redevenir trente huit ans en arrière. Hélas ! Cela n'est pas possible et combien regrettable ! Mais à tous ! Chacun son temps !

Je ne veux pas être ni philosophe ni moraliste loin de là sont mes pensées mais il en reste encore beaucoup de ces temps là ; des « Demi-Vieux » paraît-il maintenant ; et je crois qu'en lisant ces lignes tout en voulant bien excuser peut-être les fautes d'orthographe etc … mais la vérité reste et peut donner à penser !

La bonne entente fait la force d'une jeunesse.

Paul Richet

 

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La jeunesse de Lerzy en 1919

 

Depuis cinq ans nous n'avons pas eut beaucoup de loisirs nous les jeunes. Ces années de 1914 à 1919 se passent en travaux en colonne. Foins, bois, culture, scierie, etc … le tout pour ces messieurs ! Maigre nourriture pour les jeunes au moment de l'age où il en faudrait tant !

Heureux sont ceux qui, par la nonchalance au travail ou autres causes ne sont pas envoyés dans un camp de « redressement » !

Les dimanches n'existent plus, encore moins les fêtes ! Pour mon compte, je suis allé faire un petit stage de un mois à La Capelle en compagnie de Darsonville évacué de Bousis au bois dont j'étais un camarade, pour ne pas avoir été travailler à la scierie de Buironfosse (un jour de Toussaint). Après une « petite tatouille », un mois à La Capelle  ! Si vous êtes sérieux !! La leçon est bonne car nous n'avons jamais essayé de comprendre !

 

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Retour à la vie

 

Premiers jours 1919. Beaucoup de jeunes filles, jeunes gens ainsi que leurs parents évacués à Lerzy sont repartis chez « eux » retrouver leurs ruines.

C'est un vide car la jeunesse était le principal élément et je ne pense pas me tromper en disant que près de 400 ou plus évacués et réfugiés de Bousis au bois, Sinceny, Beautor, Chauny, etc … étaient « résidents précaires » de Lerzy.

D'eux tous, je conserve bon souvenir et je crois que c'est réciproque car chaque année nous avons connaissance que quelques uns d'entre eux ou leurs enfants viennent revoir Lerzy et des amis.

Donc, depuis cinq ans, nous n'avons pas eût beaucoup de distractions ni de loisirs et

Il faut se rattraper.

Je ne veux ni radoter, ni non plus critiquer la Jeunesse de nos jours. Loin de moi cette pensée ! Mais nous sommes dans l'obligation de reconnaître que de nos jours le même esprit de camaraderie, de fraternité n'existe plus comme il y a plusieurs années. Peut-être avons nous vécus ensemble de durs moments ; c'est sans doute la raison de notre franche camaraderie.

Je ne sais si beaucoup des amis de ce temps là, qui sont maintenant parents ou même grands-parents (comme le temps passe !) pourront dire :

« «  Il s'est trompé ! » »

 

Nous avions notre titre «  Jeunesse de Lerzy  ». Beaucoup sont hélas déjà décédés trop prématurément, d'autres dispersés, suivant les circonstances de la vie ; cela se conçoit.

Mes premières pensées iront vers eux car nous étions un groupe homogène si je puis dire et nous nous amusions gentiment.

Je puis dire et beaucoup comme moi jamais une querelle entre nous et les jeunes gens des environs ! Cela se bornait à de petites taquineries très compréhensibles.

Après tout les jeunes filles et les jeunes gens ont droit à leurs choix dans leur village ou le voisin !

 

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Quelques exemples.

Un bal champêtre

 

Les fêtes n'étaient pas aussi fréquentes que maintenant Fêtes patronales dans chaque village un raccroc à l'occasion c'était tout ! Cinéma, Foot ball, Trenche boat, etc n'existaient pas. Mais pour nous c'est la danse qui prime.

Après la messe du dimanche petite réunion :

Où vas-t-on ce soir ?

Aujourd'hui fête de Sorbais Dimanche fête à la rue Lagasse, plus tard Erloy, Buironfosse, La Capelle , Le boujon et la dernière sera pour nous à Lerzy.

Suivant l'endroit et le chemin à parcourir rendez vous est pris pour jeunes filles et jeunes gens.

C'est décidé nous irons la !

Esperons que le temps sera beau !

Oui, tout cela est très joli mais les jeunes proposent mais les parents disposent ce qui arrive souvent pour les jeunes filles qui eux n'ont pas beaucoup changées car elles sont toujours un peu {diplomates !}

Ah ! Bien sur papa ne dira trop rien mais maman je ne sais pas ! car c'est déjà loin pour aller et encore plus long pour revenir !

Car la plus belle danse est toujours la derniere !

Le travail est vite fait ce jour la !

Nous allons à la fête !

Beaucoup sont au rendez vous et si il en manque. Eh bien ils nous rattraperont !

Quelques mères accompagnent les jeunes filles et nous partons tous {bras dessus ou dessous}

Pas la peine de marcher à la file indienne nous prenons toute la route. Les autos sont très rares, les vélos et cyclos moteurs encore moins et pour que le chemin semble moins long nous chantons ! Des vieux refrains peut être !

Quelques privilégiés ont un vélo mais si ils nous rejoignent ils continueront avec nous car l'ambiance est là ! et par nos chants nous sommes reconnus . V' la Lerzy  ! qui arrive !

Ce n'était pas tapage nocturne !

Cette loi n'éxistait pas, sauf pour les ivrognes !

Ce n'était pas notre cas et nous faisons moins de difficulté pour chanter que maintenant.

Sur la place de la fête où soit elle les attractions ne nous occupent pas beaucoup mais plutôt la cavalière étrangère !

Nous sommes venus pour danser et un petit détail beaucoup de jeunes filles se récusent ayant promise la danse soit l'une ou l'autre à un jeune homme du pays ou environs.

Il faut se débrouiller ce qui n'est pas toujours facile ! Les flons-flons ! des musiciens se font entendre et le mot d'ordre est celui-ci !

Il ne faut pas manquer une danse ! Et très rares sont les jeunes gens qui regardent ! Pas comme de nos jours ! Nous entraînerons plutôt une maman de jeune fille pour ne pas être en reste ! Polka, Mazurka, Scottish quadrille Lanciers succèdent en deux parties. Pauses entre elles. La roumba, java et que ce sais je ! N'existait pas.

Je ne tiens pas à critiquer ces nouvelles danses. Mais ! Les quadrilles et les lanciers entraînés par un bon orchestre «étaient plus jolies et nous étions à {hauteur} à Lerzy.

Tout d'abord ces danses étaient composées de quatre couples ce qui conduisait à la connaissance, à la camaraderie, et c'est pourquoi ces danses étaient si suivies.

Et plus tard, lorsque nous retrouvons à la fête de Lerzy ces mêmes danses, jeunes ou déjà vieux ménages, nous aimions à refaire ces danses et quelques fois avec un accroch mais avec tant de plaisir que nous étions approuvés.

Les « qu'en dira t'on » d'aujourd'hui n'étaient pas de mises ! L'amour propre n'existait pas autant que maintenant et nous ne faisions pas plus mal !

Mais c'est très beau d'aller à la Fête , mais il faut revenir !

Le retour est encore plus gai car nous sommes plus groupés qu'au départ, et les chansons recommencent.

Bien sûr, nous avons réveillés quelques « vieux » mais certainement disaient avec mélancolie peut être : « ce sont les jeunes gens qui reviennent ! A dimanche prochain ! Peut être ! Mais au travail tout à l'heure ! Sûrement ! ».

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Renouveau

 

Oui, bien sûr les fêtes sont pour nous tous genre de récréations. Cela ne suffit pas !

Il est question en 1919 et 1920 de l'érection d'un Monument aux Morts pour la Patrie.

Madame et Monsieur Roger, revenu de la guerre et quelques notabilités du pays nous demandent aide non pour l'érection du monument mais pour aide rà cela d'une façon qui laissera souvenir.

Monsieur Roger avait déjà en 1913 organisé quelques concerts à Lerzy aux profits des Sapeurs Pompiers, de la distribution de prix aux enfants des écoles. Beaucoup de vieux se rappellent ces concerts animés par des acteurs, musiciens, chanteurs, bénévoles. Je ne veux citer que quelques noms.

Messieurs Richard, Thévenin, Cuisset, Devigne et bien d'autres en seront les animateurs et cela, nous les jeunes, nous invite à essayer de les imiter. Cela est peut être très difficile mais nous ferons en accord ce qu'il nous sera demandé.

En 1919, il est certain la vie reprend, nous sommes sortis du cauchemar de privations, de mauvais traitement, etc .. !!! Mais !!

Il faut penser à ceux que nous avons connus, peut être pas beaucoup car quatre et plus sont longs ! Mais bien sûr, tous nous avons à cœur de contribuer dans la mesure de notre possible, à honorer la mémoire de nos anciens restés un peu partout des Flandres à Verdun, et qui comme nous ont fait partie

des jeunes gens de Lerzy

 

 

Souvenirs

 

Après quelques répétitions, une chorale peut être modeste, mais qui dura plusieurs mois fut mise en place et sous la direction de Monsieur Roger.

A l'inauguration du Monument, nous avons chanté et à plusieurs voix des chants patriotiques.

Aux morts pour la Patrie

Gloire à notre France éternelle

 

Une palme de bronze fût achetée par les jeunes gens et une très belle couronne de pâquerettes par les jeunes filles.

 

Ces souvenirs de reconnaissance sont restés très longtemps aux Monument.

 

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Détail très touchant (faisant suite à l'Inauguration du Monument)

 

Madame Veuve Serant personne très prieuse qui entretenait l'Eglise et le linge depuis plusieurs années. J'allais oublier de dire que cette dame était la veuve de Monsieur Serant, ancien instituteur à Lerzy et qui enseigna mon père le plein chant et qui lui succéda plus tard comme chantre.

Madame Serant ayant conservé caché le Drapeau des anciens conscrits de 1914-1918, voulue que ce drapeau fut à l'honneur comme dans la peine ! Hélas, oui, de ces classes actives ou réserves actives, aucun n'est revenu ! Je ne puis citer les noms exacts ; ils sont inscrits sur une plaque et leurs photos. Bref, Lerzy a subi un dur sacrifice en 1914.

Madame Serant me dit :

«  La Jeunesse de Lerzy a fait beaucoup pour ce mémorial ; en récompense, je te confie ce drapeau ! Tu le tiendras à la messe pour eux et à l'inauguration du Monument. Tu me le remettras ensuite sans aller dans les cafés ! ».

Oui, nous étions vraiment fiers de suivre ce drapeau parmi tant d'autres portant ces morts.

Unis comme au front ! et nous les plus jeunes, nous avons chanté !

Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus !

Le drapeau quoique recherché ne fut pas retrouvé ; 1940 avait passé par là.

 

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Deux photos de l'Inauguration du Monument aux « « Morts pour la Patrie de Lerzy».

 

Sur la première carte, voici au premier plan La Musique de La Capelle sans uniforme mais combien dévouée. Les jeunes gens et le premier le drapeau des Conscrits (porté par mes soins). Derrière, ce sont les A.C. (ndlr : Anciens Combattants) des pays environnants !

Peut-être quelques uns reconnaîtront Monsieur Roger, notre dévoué instituteur précédant la Jeunesse de Lerzy dont il était fier !

Sur la deuxième carte et c'est simplement réflexion. La mode a bien changé depuis !

Robes longues, chapeaux, casquettes à la mode du temps, quelques vélos, pas d'autos.

Mais beaucoup de personnes des pays environnants rendent hommage à la mémoire de ceux

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Morts pour la Patrie ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

Et dont ils furent pour la plupart des parents, des amis, des compagnons qui se souviendront longtemps.

 

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Un clocher sans cloche

 

Ce n'est plus un clocher ! et c'est un village sans voix ; bonnes ou mauvaises, les nouvelles se transmettent par la cloche.

Les Allemands ont fait tomber les trois cloches de son clocher où elles avaient carillonnée depuis combien d'années ?

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Sacrilège~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Mais qui veut la fin, veut les moyens ; c'est peut-être vrai ! mais pas toujours juste.

Ce jour là, malgré les réquisitions personne ne répond à l'appel. Les gens se sont même éloignés du village ou plutôt de la Place de l'Eglise.

Dans l'obligation de faire ce triste travail par eux même, ce sera vite fait. Un trou dans le clocher, quelques madriers, et les cloches tombent du clocher pour écraser quelques caveaux avec un bruit sourd. Elles sont presque en morceaux !

C'est priver Lerzy un peu de son âme mais ‘ C'est la guerre' pas difficile celle là.

Et le bronze de nos cloches va servir à sortir des obus qui viendront surement essayer d'écraser ‘ nos Poilus ‘. Mais ce ne sera pas vrai !

Beaucoup de réflexions pourraient être faites à ce sujet, et je m'en abstiens et je reviens à notre Jeunesse.

 

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Du temps de Mr L'Abbé Coquizart

 

Ce dernier nous réunit et nous dit à peu près ces paroles :

«  Votre clocher est vide ! Eh bien, il lui faut une cloche !

Vous avez déjà montré les preuves d'une bonne entente entre vous jeunes gens !

Vous montrerez l'exemple car vous êtes jeunes et je compte sur vous ! »

 

Il faut mettre ‘ l'affaire en route ‘ car si nous attendons après les dommages de guerre pour les cloches, nous pouvons attendre encore bien longtemps.

‘' L'émulation chez les jeunes vient sans doute un peu des soi-disant, je ne dirai pas ‘éloges' mais comprendre ce qu'il a fait et ce qu'il pourra faire ‘'.

J'ai mon idée ! et je vous guiderai !

Rendez-vous pour tous au Presbytère dimanche prochain. Soyez les plus nombreux possible. Invitez cordialement ceux qui ne sont pas là et nous réussiront grâce à notre entente.

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Des débris durs mais non insurmontables

 

Ce dimanche soir, le travail est tracé. Les jeunes filles feront une séance récréative. Les rôles sont distribués et à dimanche après-midi, première répétition !

Nous, les jeunes gens, allons nous rester le « Bec en l'air » ! Non pas !

Il nous faut par des moyens de fortune, organiser et préparer une salle de théâtre !

Nous nous rapprochons de Monsieur Bosquet, Maire à l'époque, et qui met à notre disposition la grange maintenant détruite. Mais il faut en débarrasser une partie car les Allemands ont « oublié ! » d'enlever leurs ordures, et ailleurs serait pareil !

Nous nettoyons cette partie de grange, tombereaux viennent en aide. Nous cacherons le reste avec des bâches. Véritable salle de théâtre de campagne ; mais il faut une scène et là, tout nous est utile !

Et de là nous verrons sortir de vieilles armoires ce dont nous avons besoin : vieux rideaux, vieilles tentures, nous en ferons fond de scène, etc … Et nous allons corrects dans les rues du village demander accompagnés d'une charrette ce qui pourra nous être utile.

Chez les artisans du moment beaucoup de choses : madriers, tréteaux, etc … nous furent prêter. Pour l'éclairage de la scène, vraiment rustique, des vanniers et autres se sont privés de leurs lampes pétrole suspensoire pendant 2 jours. Cela fera comprendre à beaucoup de jeunes « Camaraderie » : respect pour les aïeux, solidarité entre tous. Nous avons suivis ces directives et avons profités de cela pour dire à beaucoup et je dirai à tous :

 

C'est pour notre cloche !

 

Mais nous devions penser à nos « actrices » ; il leur faut une chambre proche pour les changements de travestis si l'on peut dire. Monsieur Bosquet nous prête encore 2 salles où les jeunes filles pourront répéter leurs rôles et travestissements proches de la future « salle » et avec toute discrétion possible.

Une petite difficulté : l'ouverture et la fermeture simultanée des deux rideaux de scène.

Ce sont des vieilles poutres dans cette grange mais à force de ténacité, nous arrivons à faire le « feu de ficelles » ; et elles sont rares à cette époque les ficelles !

C'est bien souvent après nos journées de travail un peu écourtées que nous nous mettons à l'œuvre, et d'une façon amicale le soir le travail est préparé pour beaucoup d'entre nous le lendemain. Les parents ne disent trop rien et je crois qu'ils disent entre eux : «  Laissons les faire ! On verra ! ».

 

 

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Première séance

 

Oui ! Ils ont vu le dimanche suivant le résultat de l'entente !

Salle trop petite pour encourager les jeunes et applaudir ou pleurer sur un drame évoqué à cette époque par les jeunes filles. Je ne sais plus le titre exact !

A l'entracte, Monsieur l'Abbé Coquizart annonça et sur notre demande une deuxième scéance dimanche suivant même heure et même programme. Encore une fois, notre modeste salle (une grange) était encore comble. Les personnes sont encore plus nombreuses.

A remarquer que les cinémas, TSF etc, heureusement n'existent pas ces jours là, mais seulement quelques années plus tard.

Beaucoup de personnes des pays voisins viennent ! et de la !

Vive la Jeunesse de Lerzy !

Et à bientôt !

Que l'on se le dise !

 

 

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Deuxième séance

 

Les jeunes filles reprennent leurs répétitions mais avec de nouvelles pièces et chants.

Nous, jeunes gens, ayant remarqués que la salle était trop petite, nous débarrassons encore la plus grande partie de la grange et de la même façon et nous avons maintenant une belle « salle » ! non pas de parquets cirés, mais la terre battue !

Cela n'empêche que le dimanche prévu la salle est encore comble.

Le prix est minime pour les places mais les quêtes sont fructueuses.

Beaucoup de parents, jeunes gens des pays environnants, assistent à ces modestes séances (peut-être). De La Flamengrie , d'Esquehéries, Buironfosse principalement viennent applaudir ce qui pour beaucoup d'entre eux feront des relations cordiales et même d'autres ! qui iront jusqu'au mariage.

 

Les voyages forment la Jeunesse  !

Sans foifanterie, La Jeunesse de Lerzy est accueillante.

 

 

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Résultats

 

Nos recettes et quêtes sont versées intégralement à Monsieur l'Abbé Coquizart. Les frais sont insignifiants, pas de droits d'auteurs, les pièces sont écrites par Monsieur le Curé, et le tout est réalisé pour une bonne œuvre.

Après la deuxième scéance, la cloche est déjà commandée aux Fonderies de Besançon. Le bronze est cher ! L'autre scéance viendra à point. La Jeunesse de Lerzy ayant fait son devoir car la moitié du montant de la cloche est avancée (1). La population fera le reste.

 

(1)  : Un de mes camarades qui m'a lu a déclaré : « ce n'est pas la moitié mais les trois quarts du montant ». Je l'en croirai bien.

 

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Un accroc assez lourd de conséquences

 

Le sexe « faible » est quelques fois plus tenace que le sexe qui se dit « fort ».

Je ne tiens pas à faire de polémique à ce sujet, non ; mais les quelques lignes qui vont suivre vous ferons peut-être dire : « il a un peu raison ! ».

Les jeunes filles n'ont pas souvent discutées leurs rôles, mais lorsque Monsieur le Curé ne voulant pas nous laisser en reste, voulu essayer nos « talents » d'acteurs bénévoles, ce ne fût pas pareil !

Une pièce dramatique patriotique je dirai mais à sa lecture, nous restons un peu perplexe !

Elle a pour titre je crois : « Partie, Honneur » (1). Elle est l'expression de la vérité sur beaucoup d'événements tristes mais la fin de la guerre est encore bien proche et peut-être rencontrerions nous des susceptibilités.

Qui prendra le rôle du traître, qui prendront les rôles des Prussiens (Allemands maintenant).

Hélas, beaucoup d'entre nous ont subi les mauvais traitements, restrictions etc …1914-1918.

La vérité n'est pas toujours bonne à entendre et encore moins à voir.

A la seconde réunion, quelques uns invoquent départ aux régiments, d'autres les occupations même les préoccupations d'un mariage « à venir ! ».

Monsieur le Curé comprend un peu, je dirai même très bien la situation nous dit (si je m'en souviens un peu, ces quelques paroles : « je comprend assez bien ! cette pièce ne vous dit rien ! Elle sera jouée plus loin mais pas en Pays envahis ! ».

Il nous remercia de tout ce que nous avions fait et nous rentrons tous d'accord.

Et bien sur en effet les uns vont partir au régiment, d'autres fréquentations ou mariage (cela est mon cas) et par le destin de la vie se trouvent éloignés un peu du pays.

La Jeunesse de Lerzy ne disparaît pas ; loin de là ! Mais elle n'a peut-être plus la même cohésion. Je ne sais si c'est en mieux ou en pis. A chacun de juger et le et le temps fait son chemin.

 

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Baptême de la Clôche

 

Ce dernier eut lieu en septembre 1922. Dix-huit mois après l'Inauguration du Monuments.

Elle s'appelle Marie-Benoîte et ?

Pour Parrain Monsieur Bosquet Maire, et pour Marraine Madame Cossart.

Très nombreuse affluence paraît-il car je ne puis y assister à mon plus grand regret (ma profession employé de chemin de fer n'autorise pas des congés dans les débits !).

Beaucoup de mes camarades y sont bien sur. Jeunes filles, jeunes gens peuvent être fiers d'avoir participés à cette œuvre !

 

Et la cloche sonne !

 

 

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Derniers souvenirs

 

Non ! Ce ne sera pas mes derniers souvenirs car d'autres suivront au cours de la vie.

Ceux que je tiens à essayer de faire revivre, ce ne sont plus ceux de la première jeunesse mais celle qui suit.

Oui ! Déjà beaucoup d'entre nous sont mariés, « éparpillés », si le mot est français.

Avec déjà peut-être quelques soucis, les enfants principalement, mais à la fête de Lerzy, nous attendons que ces enfants s'endorment après des Grands-Parents avec un peu d'impatience !

Il nous tarde pour beaucoup de nous revoir sur la Place avec des amis, car comme il y a quelques années, si nous allions à la fête : c'est pour danser !

Nous dansons (vaille que vaille) les nouvelles danses c'est bientôt une « pantomine » sauf pour la valse, danse qui est très belle mais qui ne peut-être dansée que par des habitués et j'ai vu ou plutôt nous avons vu des « demi-vieux » ! valser avec entrain ; sans-soucis des maux de tête ou mal aux jambes (ce sera pour demain !).

Les musiciens nous connaissent et nous demandons Quadrille ou Lanciers nous les mariés !

Ah ! Oui ! Lorsqu'on est à Lerzy avec vous, il n'y a pas moyen d'en sortir.

Demandez à Messieurs Motte et Cauchy si cela n'est pas exact !

Ces deux belles danses bien exécutées sont jolies et les anciens de la Jeunesse de Lerzy sont à la « mesure » musique danse.

Bien des Jeunes regardent !

Peut-être sont-ils un peu agacés mais je pense qu'ils doivent dire :

«  Ce n'est pas si mal ! »

Mais notre grande satisfaction et celle de voir des bonnes «demies-vieilles » qui accompagnent leurs filles nous dire :

« c'est bien ! vous savez encore vous amuser et tous ensemble !» avec peut-être un peu de mélancolie cela se conçoit !

J'oubliais de dire que la fête de Lerzy était à l'époque une des dernières si ce n'est la dernière, deuxième dimanche d'octobre.

Et à ce sujet, ne parlons guère de rafraîchir ! Une bonne tasse de café serait meilleure avec bien sûr, un petit verre ! car le brouillard monte de la rivière !

Oui ! nous sommes réunis dans un café mis il nous semble à nous, enfants du pays où des environs, mariés, déjà Papa ou Maman, le manque de cohésion de la Jeunesse.

Est-ce manque de camaraderie ? Amour propre ? Que sais-je !

Beaucoup se regardent mais ne chantent pas et je me souviendrais et d'autres aussi bien sûr ! d'une réflexion faite aux jeunes.

Eh bien ? Quoi ?

Les jeunes ! vous vous regardez (c'est normal !). Il y a à croire que vous ne savez plus chanter. C'est la fête ! Allez y donc !

Beaucoup se regardent mais aucun chant. Eh bien ! Je ne monterai pas sur le banc et j'en « pousserai » une quand même !

Vieilles chansons ! peut-être !

Nous avons les vedettes de la radio, c'est certain ! mais rien ne voudra jamais les refrains repris en cœur !

L'ambiance y fait pour beaucoup ! Cela est vrai ! Mais il faut lorsque l'on est jeune, s'amuser, danser, chanter, sans amour propre ou arrières pensées.

Ce qui fera toujours l'exemple d'une bonne

« Jeunesse » 

 

La jeunesse de Lerzy 1919-1923 :

 

Jeunes gens :

René Carlier, Henri Dupont (D), René Dewez, Victor Dewez (D), Raymond Polvent (D), Marceau Carlier, Gaston Compain, Robert Lesur, Marcel Legros (D), Albert Lajeunesse, René Loridan, René Potin, Maurice Langhendries, Paul Richet, Marcel Richet (D), Georges Thomas, Albert Ryckelynck, Remy Ryckelynck, Paul Pyckelynck.

 

Jeunes filles :

Gabrielle Anceaux, Fernande Oldam, Laurence Oldam, Solange Brucq (D), Albertine Lajeunesse, Germaine Lefévre (D), Georgette Thomas, Fernande Carlier, Jérôme Potin, Gilberte ?, Marcelle Destame (D), Yvonne Lecat, Yvonne Monvoisin, Eugénie Jean (D), Gabrielle Lefévre.

 

Peut-être dans ces noms, en ais-je oublié, je ne le pense pas ! Mais que ceux qui aurait pû être oublié dans mes souvenirs déjà lointains veuillent m'en excuser.

Il n'en sera pas de même pour celles ou ceux déjà décédés et que nous ne devons pas « oublier ».

 

Conclusion

 

Je veux faire passer ce modeste recueil chez d'anciens camarades.

C'est l'hiver et ces quelques lignes seront bientôt lues, et peut-être pour beaucoup rappelleront la Jeunesse de Lerzy il y a quarante ans. Comme le temps passe.

Respectez les chansons et autres petites pièces.

Merci à l'avance.

Une petite signature sur cette page après lecture sera ma meilleure récompense.

 

Paul RICHET